Objection

L’objection prise dans un sens large, c’est l’usage le plus courant aujourd’hui, est un contre-argument qui s’oppose indirectement ou directement à la thèse.

Pour Aristote [1], l’objection est comprise d’une façon plus restreinte. Il s’agit d’un raisonnement qui attaque une prémisse ou l’antécédent d’un autre raisonnement.

Normalement, il s’agit d’attaquer une des deux prémisses du raisonnement principal, c'est-à-dire du raisonnement donné par l’adversaire pour justifier sa thèse. On peut aussi soulever une objection contre une ou plusieurs de nos prémisses. Évidemment, il faudra par la suite montrer que l’objection ne tient pas, sans quoi on donnera l’impression que la thèse que nous défendons s’en trouve fragilisée.

Voyons un exemple d’objection. On attaquera la conclusion que“tous les hommes ne doivent penser qu'à eux-mêmes”en attaquant la prémisse majeure“qui veut assurer sa vie ne doit penser qu'à lui-même”en produisant un raisonnement qui conclut le contraire de cette prémisse, à savoir“qui veut assurer sa vie ne doit pas ne penser qu'à lui-même”.Voici le schéma de l'argument principal et de l'objection qu'on pourrait produire:

 

Argument principal

Qui veut assurer sa vie doit  ne penser qu'à lui-même. (majeure)

Tous les hommes doivent assurer leur vie. (mineure)

Tous les hommes ne doivent penser qu'à eux-mêmes.

 

Objection

La vie en société suppose qu'on ne pense pas qu'à soi-même.

Qui veut assurer sa vie doit vivre en société.

Qui veut assurer sa vie ne doit pas penser qu'à lui-même.

 

L’objection attaque donc indirectement la thèse en attaquant une des deux prémisses de l'argument principal. Dans l'exemple donné, elle attaque la prémisse majeure de  l'argument principal.

L’objection peut être aussi un exemple contradictoire. Quand quelqu’un affirme ou nie universellement quelque chose, chacun vérifie mentalement si l’affirmation ou la négation tient.

Parfois, on trouve un cas qui s’oppose à ce que l’autre vient de dire. Par exemple, on s’objectera à un raisonnement basé sur la prémisse selon laquelle l’animal à sang froid vit dans les pays chauds  en donnant le cas de la grenouille qui vit au Québec. Cela suppose, bien sûr, qu’on sache, d’une part, que la grenouille a le sang froid et que, d’autre part, le Québec n’est pas un pays chaud.

Il est souvent utile, dans un texte argumentatif, de soulever contre soi-même une objection. On anticipe alors  le contre-argument que pourrait soulever le lecteur attentif ou l’adversaire pour ensuite le réfuter. Voir réfutation.

 

[1] Étant donné la contribution d’Aristote en logique, on ne pouvait ignorer la connaissance plus distincte qu’il propose de l’objection : connaissance qui lui permet de l’opposer plus précisément à la réfutation.