Définition par genre et différence

Toute définition, pour être complète, doit comporter au moins deux parties : une partie qui situe la chose à définir dans un ensemble plus vaste et une partie plus spécifique qui restreint ce champ général d’extension à celui de l’espèce visée. La première partie exprime ce que cette chose a en commun avec les autres choses qui lui ressemblent le plus[1] ( on donne alors son genre ); et, la deuxième partie exprime ce par quoi elle se distingue de celles-ci de manière à constituer son espèce ( cela se nomme sa différence spécifique ).

 

C’est ainsi, par exemple, qu’on connaît l’homme par son genre lorsqu’on connaît qu’il est un « animal » et par sa différence spécifique lorsqu’on connaît qu’il est « raisonnable ». Ce qui donne, en résumé, ceci :

           

            défini              définition

            Homme            animal             raisonnable

            (espèce)           (genre)           (différence spécifique)

Le genre fait connaître l’essence de l’« homme » en ce qu’elle a de commun avec le lion, le cheval, etc.. Au sens le plus strict, la différence spécifique divise immédiatement le genre et fonde l’espèce. Par exemple, on divisera l’animal en raisonnable et non raisonnable. La différence qui divise immédiatement le genre «animal »[2] fonde ainsi l’espèce « homme » puisqu’elle distingue immédiatement l’homme des autres espèces d’animaux. Pour cette raison, on dira que le défini « homme » a pour différence spécifique « raisonnable ».

Il faut bien distinguer la différence spécifique du « propre » qui, lui, découle de l’essence de la chose. Par exemple, on ne pourrait pas donner pour l'homme en guise de différence spécifique « capable de rire ».   « Capable de rire » ne fonde pas l’espèce homme puisqu’il n’explique pas l’humanité de l’homme. C’est plutôt parce que l’homme est raisonnable qu’il possède en effet la capacité de rire. La capacité de rire est un effet, une conséquence de la rationalité humaine: elle n’est pas la cause de l’humanité. Au contraire, la différence spécifique « raisonnable », en s’ajoutant au genre, explique par la cause [3] l’espèce homme.

 


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[1]. Il faut éviter de donner un genre lointain. Par exemple, «être vivant» serait, dans la définition de l’homme, un genre trop commun. Le genre prochain est immédiatement plus universel que la différence et que le terme défini.

[2]. Ce qui ne serait pas le cas si nous avions pour genre «vivant» puisque la différence spécifique immédiate de «vivant» c’est «doué de sensation».

[3]. Ici par cause, nous entendons la cause formelle.