Mot analogue

Un mot est analogue quand il signifie des choses spécifiquement différentes mais semblables sous un certain rapport. En tant qu'il a plusieurs sens, on le distingue du mot univoque, qui a un seul sens.  

Le verbe voir  est un exemple tout simple de mot analogue. On dit qu’on voit une chaise dans une pièce, qu’on voit un monstre dans un cauchemar, qu’on voit ce que signifie telle phrase dans un livre. On peut voir, en effet, avec les yeux, voir dans son imagination, et voir par son intelligence ; on peut voir un objet physique, un fantasme et une idée intelligible mais invisible.

On voit, c’est le cas de le dire, tout de suite qu’il y a là un danger  : on peut être trompé par l’unicité du mot et croire que deux ou trois choses différentes sont une seule et même chose. En réalité on se réfère à l'acte de trois facultés différentes. Faute de faire pareille distinction, dans l'usage du mot analogue, on aura parfois l’impression d’avoir argumenté en parlant d'une même chose, puisqu'il s'agit du même nom, mais il s’agira en fait d’un faux raisonnement, d’un sophisme[1] puisque la réalité désignée par le même nom est spécifiquement différente.

On distingue aussi le mot analogue du mot équivoque. On entend généralement par mot équivoque un mot qui a plusieurs sens mais dont les sens sont plutôt accidentels, c'est-à-dire sans rapports essentiels entre eux. C'est le cas, par exemple, du mot chien qui désigne tantôt le mammifère, tantôt la pièce coudée de certaines armes à feu qui guide le percuteur. Il est manifeste qu'il n'y a pas de lien essentiel entre ces deux sens.