Définition: ses lois

Pour rendre compte adéquatement de la nature du défini, une définition doit se conformer à un certain nombre de règles. Ce sont les lois de la définition:

 

1. La définition doit être plus claire que le défini. Cela se comprend puisque la définition a pour but d’expliquer le défini. Conséquemment, on doit éviter d’utiliser dans une définition des mots confus, c’est-à-dire des mots dont on ignore la signification exacte. Pour cette raison, il faut éviter l’usage de métaphores. On doit aussi éviter d’utiliser un mot à multiples significations sans être en mesure de préciser le sens qu’on donne à ce mot.

 

2. La définition doit avoir la même extension que le défini. Elle doit être « convertible avec le défini ». Par exemple, l’homme doit se dire de tout animal raisonnable et tout animal raisonnable doit pouvoir se dire de tout homme. C’est dire que la définition doit pouvoir se dire de tout le défini et seulement du défini. Si elle se dit d’autres choses que du défini, c’est que la définition est trop large. Ce qui constitue un défaut. Par exemple, « animal carnivore » ne saurait être une définition de l’homme puisqu’il se dit  aussi du lion. De plus, si la définition ne se dit pas de tout le défini, elle ne saurait être non plus une bonne définition. Il s’agirait d’une « définition » trop étroite. Ce qui constitue un autre défaut. Par exemple, si on disait de l’homme qu’il est un « animal qui vit en ville », on se trouverait, en effet, à exclure tous les hommes qui vivent à la campagne. Il y a donc deux autres défauts à éviter, la définition trop large et la définition trop étroite.

 

3. La définition doit se faire à l’aide de termes antérieurs en eux-mêmes et plus connaissables que le défini. Une définition doit se faire à partir de termes qui expliquent et non à partir de termes qui découlent de l’essence de la chose définie. Par exemple, la définition du cercle ne saurait être : « figure dont tous les diamètres sont égaux ». Bien que cela soit vrai, cela ne saurait convenir comme définition puisque le diamètre est un segment d’un « cercle ». Ce qui revient à dire que le cercle est un segment d’un cercle. La notion de diamètre n’est donc pas antérieure à celle de cercle. Une telle « définition », on le voit, a le défaut d’être circulaire en ce qu’elle suppose la connaissance du défini pour comprendre la définition. Conséquemment, il est manifeste que cette « définition » n’explique pas.

 

4. La définition d’un être ( par opposition à un quelconque non-être ) doit être formée de termes positifs. Il s’ensuit qu’il faut éviter de mettre dans la définition d’un défini comme « vie », la négation de son contraire, en disant qu’elle est « l’absence de mort ». C’est que la vie n’est pas la simple négation d’un non-être. Vivre, en effet, c’est être d’une certaine façon et la définition doit en rendre compte. Pour la même raison, on ne peut pas dire que la piété c’est « ce qui n’est pas impie ».

Cependant, il existe des définis qui impliquent un certain non-être et qui supposent conséquemment, dans leur définition, la présence d’un terme négatif. Par exemple, on définira la « mort » en disant qu’elle est « la privation de la vie » ou encore l’« ignorance» en disant qu’elle est « la privation de la connaissance ». N’empêche que la définition par des termes négatifs est généralement un défaut et qu’il faut donc l’éviter.