Induction

L’induction désigne un raisonnement, un mouvement de la raison par lequel on passe des singuliers ou d’une énumération de cas particuliers semblables dans l’antécédent, à l’universel qui est la conclusion ( ou le conséquent ) recherchée.

 Le but de l'induction n'est pas d'expliquer mais d'établir une vérité universelle. Contrairement au raisonnement analogique qui va d'un singulier, d'un particulier ou d'un universel à un autre singulier, particulier ou universel semblable, l'induction cherche à établir une vérité plus universelle que celle qui est possédée au départ. En cela aussi elle se distingue de la déduction. Comment cela est-il possible? C’est l’énumération des cas particuliers qui sert de lien, de moyen terme  dans l’antécédent de façon à permettre l'inférence.

 

En voici un exemple : sachant que la vue a pour objet la couleur, que l’ouïe a pour objet le son, que le toucher a pour objet le dur et le mou, le rugueux et le lisse, que le goût a pour objet le sucré, le salé et que l’odorat a pour objet les odeurs, on pourra conclure universellement que tous les sens externes ont un objet propre. L’énumération des cinq sens, associés à leurs objets, permet de passer d’une vérité particulière concernant tel ou tel sens à une vérité universelle : « le sens externe a un objet propre ». Rendons ce raisonnement plus explicite:

 

La vue, louïe, le toucher, le goût, lodorat ont pour objet respectif la couleur, le son, le dur et le mou, le salé et le sucré, lodeur qui sont leurs objets propres.

La vue, louïe, le toucher, le goût, lodorat sont tous les sens externes.

donc Tous les sens externes ont un objet propre.

 

Cette énumération est basée sur une énumération complète. La certitude de la conclusion dépend toutefois de la matière. S'il s'agit d'une matière nécessaire ou quasi nécessaire comme c'est le cas chez les êtres naturels, on obtiendra une grande certitude. En matière nécessaire, il n'est pas indispensable, pour que la conclusion soit certaine, que l'énumération soit complète. Par exemple, il n'est pas nécessaire d'énumérer toutes les sortes de «tout» pour conclure avec certitude que le tout est plus grand que la partie.

 

Par ailleurs, une induction peut être incomplète et incertaine parce qu'on n'est pas sûr qu'on a eu raison de poser l'énumération de cas comme un universel. Cela arrive lorsqu'on ne voit pas de lien nécessaire entre la nature de la chose et la caractéristique par laquelle on la connaît. Un biologiste n’a jamais terminé son induction sur la blancheur des cygnes ; après dix ans d’étude, il ne sait pas si tous les cygnes sont blancs parce qu’il sait qu’il ne les a pas tous vus. Bien plus, il ne sait même pas, après avoir examiné dix millions de cygnes, s’il a accompli la moitié de son induction  : pour le savoir, il faudrait qu’il sache déjà combien de cygnes il y a. Mais surtout il ne voit pas de lien nécessaire entre la nature du cygne et sa couleur. C’est que l’induction , comme nous l'avons déjà dit, n’explique pas[1]. Comme il se peut que la blancheur du cygne ne soit pas un « propre », la conclusion demeure incertaine.

Pour cela, il y a lieu de distinguer deux types d’induction : l’induction parfaite, qui porte sur une matière nécessaire et dont la conclusion est certaine, et l’induction imparfaite, qui porte sur une matière contingente et dont la conclusion comporte de l’incertitude.

 

 


<//font><//font><//font><//font><//font><//font><//font>[1]. C’est que le terme qui sert de lien dans l’induction, contrairement à la déduction, ne renvoie pas à la définition. Le terme qui sert de lien, dans l’induction, c’est l’énumération des cas.